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Libération : « Rien n’y fait, les élites restent majoritairement blanches »

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Lu sur Libération par Véronique SOULÉ.

 Cinq façons de changer de têtes

«Libération» ouvre le débat sur le système de reproduction sociale qui régit les élites françaises, en grande majorité homogènes.

Dispositifs d’égalité des chances, programmes d’ouverture sociale, prépas ZEP (zone d’éducation prioritaire), conventions Sciences-Po, Cordées de la réussite, etc. Rien n’y fait, ou presque. Les élites qui nous gouvernent – dirigeants économiques, politiques, haute administration – restent majoritairement blanches, viriles et de bonnes familles. Certes, on trouve désormais un peu partout de très belles réussites et des parcours «atypiques» de femmes et de jeunes issus de la diversité. Mais le visage des gouvernants n’a pas radicalement changé.

Loïc Blondiaux, professeur de sciences politiques à la Sorbonne, prône le tirage au sort.

Les sociologues ont démonté les mécanismes qui aboutissent à cette reproduction – un système scolaire inégalitaire, des grandes écoles très élitistes, l’autocensure des élèves les plus modestes… Mais ils butent sur les solutions. (…)

Concernant l’ENA, l’idée récurrente est de réformer le concours pour le rendre moins discriminant. Chaque année, les présidents du jury se plaignent de candidats conformistes qui répondent ce que l’on attend d’eux. A peine arrivée, la directrice, Nathalie Loiseau, s’est attelée à une réforme, évoquant la suppression de l’«épreuve du cinquième jour» (que le candidat choisit) jugée discriminante, ou l’introduction d’une épreuve de groupe. (…)

Un zeste de discrimination positive

La discrimination positive, venue des Etats-Unis, a mauvaise presse en France. Rares sont ceux qui s’en réclament ouvertement. Pourtant, de nombreux dispositifs, destinés à donner un coup de pouce aux plus défavorisés, n’en sont pas si éloignés. On peut citer les «conventions éducation prioritaire» de Sciences-Po qui permettent à des lycéens de ZEP d’éviter le concours d’entrée. (…)

Mettre le paquet sur la maternelle

Le système scolaire français est l’un des plus inégalitaire du monde développé : un enfant de milieu défavorisé risque plus que les autres de redoubler son CP, d’accumuler du retard, de se retrouver perdu au collège et finalement de décrocher. Pour combattre cette injustice initiale, le ministre de l’Education, Vincent Peillon, a décidé de donner la priorité au primaire. Reste à savoir si les mesures prévues – comme affecter des maîtres en surnombre dans les écoles les plus sensibles – seront suffisantes.

Mais si l’on considère que les destins scolaires, et les destins tout court, se jouent si tôt, pourquoi ne pas remonter à la maternelle, voire avant ? (…)

Et si tous ces dispositifs pour faire émerger des élites plus diverses ne suffisaient pas ? Les experts rappellent que, souvent, les nouveaux promus se coulent dans le moule et ne font pas souffler le vent nouveau espéré. «Il existe un problème d’homogénéité et d’endogamie, mais le plus grave, pour moi, est la perte de capacité d’écoute de nos élites politiques à l’égard de la société et de l’innovation citoyenne, explique Loïc Blondiaux, professeur de sciences politiques à la Sorbonne (Paris-I). Et, pour y remédier, il ne suffit pas de renouveler leur origine sociale.»

Le chercheur prône le tirage au sort non pas pour remplacer l’élection, mais pour faire entendre des voix différentes qui ne parviennent plus aux décideurs.

Défrancisation

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